Pendant deux mois, j’ai participé à la session d’automne de la formation Écrire sans exclure d’Isabelle Meurville. Une formation en écriture inclusive conçue pour les traductaires, mais ouverte à toute personne intéressée par le sujet. L’ayant suivie avec beaucoup d’intérêt, j’ai souhaité vous la présenter pour, peut-être, vous donner envie de vous inscrire à la prochaine session !
Au programme
Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
Dans ce contexte, l’écriture inclusive est un ensemble de techniques qui nous permet d’adapter notre communication à notre lectorat du point de vue du genre.
- Certaines techniques passent inaperçues, d’autres sont bien visibles.
- Certaines utilisent les ressorts de la langue standard, d’autres en repoussent les limites.
- Toutes permettent de contourner le masculin générique ou « masculin qui l’emporte ».
Pour aller plus loin, découvrez les méthodes d’écriture non sexiste présentées par Claire Michelon.
Pourquoi se former à l’écriture inclusive
L’écriture inclusive revient souvent dans les échanges entre traductaires ou rédactaires. Et pour cause : notre clientèle s’intéresse de plus en plus aux questions de diversité et d’inclusion, et pas seulement par obligation. Le langage inclusif lui permet de faire passer ses valeurs dans sa communication et de se démarquer.1 Il en va de même pour nous, prestataires de services.
Un vent de fraîcheur sur nos prestations
Quelle que soit notre spécialité, l’écriture inclusive vient dépoussiérer notre offre de services. À l’heure de l’automatisation à tout-va, y compris en traduction et rédaction, toutes les techniques qui permettent d’humaniser la communication de notre clientèle nous donnent une valeur ajoutée.
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Pour les spécialistes en marketing ou communication, l’écriture inclusive est un outil (parmi d’autres) qui permet à un public de se reconnaître dans les textes qui le ciblent.
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Pour les rédactaires, c’est un ensemble de règles à suivre (formalisées dans un guide de style) pour produire des textes qui reflètent les valeurs d’une entreprise.
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Pour les traductaires, c’est aussi un moyen de retranscrire fidèlement l’intention d’un texte rédigé de manière inclusive dans une autre langue.
Si vous souhaitez proposer des services de conseil, le langage inclusif est un excellent moyen de vous y mettre. Notre clientèle ne cherche pas seulement des personnes capables de suivre un guide de style, mais aussi des spécialistes qui sauront l’aider à définir une stratégie sur mesure.
Mes raisons de me former
J’ai découvert l’écriture inclusive et la formation Écrire sans exclure sur LinkedIn et le Discord des traducteurs francophones. Je m’étais abonnée à l’infolettre d’Isabelle en juillet 2021, attirée par son cahier de vacances inclusif.
Mais c’est en échangeant avec Anne-Sophie De Clercq — traductrice, rédactrice, formatrice en écriture inclusive et membre du groupe de travail Inclusivité de la Chambre belge des traducteurs et interprètes (CBTI) — que j’ai décidé de m’y mettre.
À titre personnel, je souhaitais comprendre comment le masculin générique s’était imposé dans la langue française, quelles alternatives existaient et comment les utiliser.
En tant que traductrice juridique, chef de projet en référencement naturel (SEO) et rédactrice web, je m’intéressais aussi à la place de l’écriture inclusive dans les documents juridiques (notamment en langage clair) et à son impact sur le SEO. Je n’envisageais pas de proposer des services en la matière, mais la formation Écrire sans exclure m’a fait changer d’avis.
Isabelle Meurville, une référence chez les traductaires
Traductrice depuis 2001, Isabelle Meurville propose des services « de l’anglais vers le français inclusif » et s’est spécialisée dans les droits de la personne. Si vous souhaitez en savoir plus, elle a présenté son parcours au micro d’Orane Desnos dans un épisode du podcast Translucides.
Pour Isabelle, l’écriture inclusive, c’est le refus d’appliquer systématiquement la règle du « masculin qui l’emporte ». En tant que traductrice, elle s’est mise assez naturellement à appliquer d’autres règles, en accord avec ses valeurs féministes. Ayant exploré la langue, vu ce qui fonctionnait ou non, elle a souhaité partager son expérience et faire gagner du temps à ses collègues.
Les nombreuses ressources d’Isabelle
Depuis la création de la formation Écrire sans exclure en 2015, Isabelle a déjà formé 450 stagiaires. Elle propose désormais deux sessions par an, à l’automne et au printemps, mais ne s’arrête pas là :
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En 2019, Isabelle met en ligne un dictionnaire des synonymes épicènes offrant des alternatives au masculin générique. Sur son site, elle publie également une bibliographie et un guide pour bien débuter en français inclusif.
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En 2021, elle propose pour la première fois un cahier de vacances gratuit, pour découvrir et pratiquer la rédaction non sexiste et inclusive en s’amusant. Expérience répétée cette année.
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En février 2022, elle crée le podcast Écrire sans Exclure, la langue contre les clichés pour aborder des points de langue ou d’histoire, les objections courantes et bien d’autres sujets.
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En avril 2022, elle lance ses livrets d’exercices autonomes, un par mois. Chaque livret d’une vingtaine de pages propose de réécrire un texte de 800 à 1500 mots dans un domaine précis (marketing, ressources humaines, informatique…).
Parallèlement, il lui arrive de proposer des présentations via des associations professionnelles comme la Société française des traducteurs (SFT), l’Institute of Translation and Interpreting (ITI), l’American Translators Association (ATA) et le Réseau franco-allemand d’ATICOM.
Retour sur la formation Écrire sans exclure
Sur la page de présentation de sa formation, Isabelle nous promet qu’à l’issue de celle-ci :
- nous connaîtrons l’origine du masculin générique
- nous maîtriserons les techniques d’écriture inclusive
- nous saurons choisir les solutions adaptées à chaque contexte
- nous pourrons ajouter l’écriture inclusive à notre offre de services
Surtout, car c’est un point important à ses yeux, nous aurons développé une nouvelle habitude. Selon Isabelle, la durée de la formation correspond en effet au temps nécessaire pour reformater notre cerveau. Au fil de la formation, jour après jour, elle nous aide à prendre les bons réflexes pour éviter les stéréotypes et écrire de manière inclusive.
Au programme : théorie, pratique et stratégie
Lors de la session d’automne 2022, la formation Écrire sans exclure était divisée en modules, dont chacun comportait :
- un rendez-vous collectif en visioconférence d’environ une heure
- des cours sur une plateforme : vidéos avec transcription, lectures, ressources bibliographiques
- des devoirs à rendre, et parfois des expériences de terrain
Elle comptait sept modules, soit un par semaine :
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Théorie : histoire de la langue, politique et psycholinguistique
- Comment le masculin générique s’est imposé et quelles règles existaient avant
- Première expérience de terrain
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Textes de référence
- Lecture de textes officiels et incontournables au sujet de l’écriture inclusive
- Recherche de guides, manuels, etc. dans nos domaines de spécialité
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Stéréotypes et discriminations
- Lecture de textes importants sur ces deux sujets, notamment leurs aspects juridiques
- Identification de nos propres préjugés grâce à des exercices en ligne
- Expérience de terrain et petit exercice d’analyse
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Alternatives au masculin générique
- Découverte d’une vingtaine de techniques, pour la plupart parfaitement compatibles avec le français standard actuel
- Présentation d’une étude de cas par Laetitia Gathion, ancienne stagiaire
- Travail sur des mots, des phrases, un paragraphe
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Contrer les objections
- Découverte d’une quinzaine d’objections et d’arguments pour les contrer
- Lors du rendez-vous en visio, exercice en direct entre nous
- Travail sur un acte notarié
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Outils qualité
- Méthodes pour analyser le contexte de communication, choisir les techniques les plus adaptées et formaliser la stratégie adoptée
- Mise en œuvre des outils qualité pour l’un·e de nos client·es
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Valeur ajoutée
- Présentation d’exemples dans le domaine médical par Aurélie Gobet, ancienne stagiaire
- Travail sur des phrases, point sur notre progression et les actions à mettre en œuvre
- Définition d’une stratégie de démarchage, de l’analyse de contexte aux premiers contacts
- Visioconférence de clôture
En théorie, l’investissement nécessaire est de trois heures par semaine, soit 21 heures au total. En pratique, c’est très personnel. Par exemple, étant férue de recherches, j’y ai passé plus de 43 heures (sans compter les visioconférences). Certaines semaines, les devoirs m’ont pris huit ou dix heures.
Une formation basée sur l’intelligence collective
La formation Écrire sans exclure mise non seulement sur le travail individuel, mais aussi sur l’intelligence collective. Pour cela, Isabelle permet à ses stagiaires d’interagir par écrit sur la plateforme, mais aussi lors des rendez-vous collectifs :
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Chaque semaine, en visioconférence, nous avions l’occasion de croiser nos points de vue, de partager les résultats de nos expériences sur le terrain et de poser des questions.
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L’intervention de deux anciennes stagiaires était un vrai plus. Celle de Laetitia, venue nous expliquer comment elle avait présenté l’écriture inclusive à l’une de ses clientes, m’a vraiment aidée à me projeter dans l’après-formation.
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Isabelle nous a demandé de présenter une problématique au groupe, à tour de rôle. La mienne portait sur les contraintes liées aux projets multilingues. Les problématiques étaient variées, reflétant la diversité de nos domaines de travail, et les réponses très utiles.
Une communauté partie pour durer ?
Notre groupe comptait une dizaine de traductaires, mais aussi une autrice de romans et formatrice en écriture créative, ainsi qu’une assistante virtuelle. En traduction pragmatique, nous avions pour spécialités le droit, l’éducation, l’informatique, le marketing, la santé, l’environnement et l’agroécologie. La traduction littéraire et la traduction audiovisuelle étaient aussi représentées.
Pour faciliter le partage des ressources, nous avons créé un dossier Google Drive dans lequel chaque stagiaire pouvait déposer les documents de son choix et récupérer ceux des autres.
Tout au long de la formation, j’ai pu échanger avec Marie Munch, l’une de mes co-modératrices sur le Discord des traducteurs francophones. Nos échanges m’ont été très précieux lors des deux derniers modules, axés sur la stratégie.
Le dernier jour, l’autrice du groupe (Zahardonia, de son nom de plume) a créé un serveur Discord pour alumnis qui nous permet de rester en contact et de nous entraider. Celui-ci s’ouvrira bientôt aux stagiaires des sessions passées et futures de la formation pour tenter de réunir l’ensemble des élèves d’Isabelle sur une même plateforme.
Points forts de la formation
La formation Écrire sans exclure est idéale pour les personnes qui souhaitent traduire ou rédiger « en inclusif », mais aussi proposer du conseil. Elle nous donne les clés pour accompagner notre clientèle dans la définition et la mise en œuvre de sa stratégie.
La personnalité militante d’Isabelle et les échanges en groupe étaient deux autres points forts de cette formation. Par ailleurs, j’ai particulièrement apprécié les exercices personnalisés, notamment :
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celui du module 2 sur les textes de référence. Ayant choisi le domaine juridique, j’ai trouvé des ressources intéressantes au Canada et en Suisse ainsi que plusieurs articles passionnants sur la place de la rédaction inclusive en droit.
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ceux des modules 6 et 7 qui nous demandaient de définir une stratégie d’écriture inclusive et de démarchage pour les sociétés de notre choix. C’était très concret et je n’aurai plus grand-chose à préparer quand je me déciderai à contacter ces sociétés.
Pistes d’amélioration
La formation Écrire sans exclure est presque parfaite. Isabelle demande systématiquement des retours de ses stagiaires et je suis convaincue que sa formation ne cessera de s’améliorer de session en session.
Il y a bien sûr une part de subjectivité sur laquelle elle n’a pas de prise. Voici donc quelques points qui m’ont un peu gênée :
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Cette formation passe un peu vite de la mise en pratique à la stratégie. Les exercices des derniers modules sont très intéressants, mais j’aurais aimé travailler sur des extraits de textes plus nombreux (et moins sur des phrases isolées, bien qu’elles aient aussi leur intérêt).
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Ceci dit, chaque stagiaire peut trouver un moyen de s’entraîner à l’écriture inclusive dans sa vie personnelle et professionnelle. De toute manière, une pratique délibérée et régulière est indispensable pour développer cette nouvelle habitude. Comme j’ai pu le constater, un blog constitue un excellent terrain de jeu !
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De plus, les livrets d’exercices autonomes sont un bon complément. Avant, pendant et après la formation, les stagiaires peuvent acquérir les livrets de leur choix dans des domaines variés. Au moins trois livrets me font de l’œil.
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Ayant consacré beaucoup de temps à cette formation, j’aurais apprécié des retours plus détaillés sur certains devoirs, notamment dans les derniers modules. Malgré des notes et appréciations très encourageantes, j’avais certainement des choses à améliorer.
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Je reconnais que lorsqu’un exercice demande beaucoup de réflexion ou de recherches, mon devoir est souvent assez dense, donc long à corriger.
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Le travail fourni par l’élève pour arriver à un résultat est formateur, et souvent plus important que le résultat lui-même.
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Par ailleurs, il est arrivé qu’Isabelle nous fasse des retours sur nos devoirs ou nous demande de partager nos résultats lors des sessions de visioconférence.
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Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup apprécié cette formation et je comprends pourquoi les stagiaires la recommandent !
Tarifs et financement par le FIF PL
Pour cette session, la formation Écrire sans exclure coûtait 900 € HT, soit 1080 € TTC. Toutefois, jusqu’à une certaine date, Isabelle proposait un tarif « rossignol du matin » de 800 € HT, soit 960 € TTC.
En France, les traductaires peuvent demander une prise en charge au Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIF PL). Le budget annuel par personne s’élève à 1200 € en 2022 (du moins, pour les traductaires). Voici le principe :
- La prise en charge doit être demandée au plus tard 10 jours après le début de la formation.
- Le FIF PL peut donner un accord de prise en charge partielle ou complète. Il précise systématiquement le montant qu’il accepte de prendre en charge.
- Pour la session d’automne, j’ai eu un retour très rapide (sous 8 jours) avec un accord de prise en charge complète.
- L’élève paie la formation et la suit jusqu’au bout.
- À l’issue de la formation, Isabelle transmet à chaque élève des documents prouvant qu’iel a payé et suivi la formation.
- L’élève transmet ces justificatifs au FIF PL.
- Le FIF PL rembourse à l’élève la somme qu’il a accepté de prendre en charge.
Les délais de réponse et de remboursement semblent assez variables. Lors d’une précédente formation, j’avais été remboursée sous dix jours après la transmission des justificatifs (en milieu d’année). Pour celle-ci, j’ai dû attendre un mois.
N’hésitez pas à contacter le FIF PL par téléphone ou via le formulaire prévu à cet effet. Si votre remboursement traîne un peu, c’est peut-être qu’il manque une pièce à votre dossier. A priori, personne ne vous préviendra le cas échéant.
Autres avis d’alumnis
Dans ce retour sur la formation Écrire sans exclure, je vous ai donné mon avis qui est, par nature, subjectif. Si vous hésitez à suivre cette formation, vous aimeriez sûrement consulter d’autres retours d’alumnis avant de sauter le pas. En voici déjà deux :
- Écrire sans exclure : une formation de choc par Patricia Barthélémy (2021)
- J’ai testé pour vous une formation en écriture inclusive par Zahardonia (2023)
Je mettrai cette liste à jour lorsque de nouveaux avis feront surface.
Ajout du 20 mai 2024 :
Prochaine session : juin-juillet 2024
La toute dernière édition de la formation Écrire sans exclure aura lieu du 10 juin au 26 juillet 2024.
Deux mois pour vous approprier une vingtaine de techniques pour changer du masculin générique, apprendre à définir une stratégie selon le contexte de communication et proposer un nouveau service à votre clientèle.
Alors que sa formation fêtera bientôt ses dix ans, Isabelle a décidé d’y mettre un terme. Pour finir en beauté, elle propose deux formules :
- la formule classique avec échanges en groupe, webinaires et modules hebdomadaires, au tarif de 600 € HT jusqu’au 24 mai (puis 800 € HT)
- une formule inédite en autonomie totale, sans travail en groupe ni webinaires, au tarif unique de 300 € HT
Isabelle proposera une réunion d’information en ligne le 24 mai 2024. Pour vous inscrire à cette réunion, il vous suffit de lui envoyer un mail.
J’espère avoir répondu à toutes les questions que vous vous posiez sur la formation Écrire sans exclure. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à me les poser sur LinkedIn ou à contacter directement Isabelle Meurville.
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Malheureusement, l’intérêt des sociétés pour la diversité et l’inclusion n’est pas qu’une question de valeurs. Il s’agit souvent de créer une relation de proximité avec son lectorat pour lui faire ouvrir son portefeuille, avec des risques de dérives (le washing). Une communication réellement inclusive passe par une démarche sincère d’écoute et de prise en compte des besoins des personnes. ↩︎
Gwendoline Clavé
Bonjour, je suis une traductrice de l’anglais au français installée à Marseille. Quand je ne traduis pas de documents juridiques ou de contenus SEO pour des sociétés informatiques, je réécris des documents juridiques traditionnels en langage clair. Sur ce blog, je partage des réflexions et informations sur des sujets variés à la croisée de la traduction, du droit et du numérique.
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